Le totalitarisme nazi a mené avec détermination une véritable persécution religieuse, comme le démontrent les actes du Tribunal militaire international de Nuremberg. Le camp de concentration de Dachau a reçu 2 720 religieux provenant de toute l'Europe entre 1938 et 1945. Face à cette barbarie nazie, en Allemagne d'abord puis dans les pays conquis, les chrétiens – membres du clergé ou simples fidèles –, mais également des juifs et des musulmans, se sont livrés progressivement à deux sortes de résistance : l'une spirituelle, l'autre militaire.
Certains religieux prirent les armes en s'engageant dans les maquis des Forces françaises de l'intérieur (FFI) ou dans des unités combattantes de la France libre (FFL), tels le père Louis de la Trinité, le rabbin Samuel Klein ou l'imam Abdelkader Mesli. À Paris, les musulmans contribuèrent à des opérations de sauvetage des juifs. Selon l'écrivain Mohammed Aïssaoui, « pendant toute la dernière guerre [mondiale], la mosquée de Paris ne cessa d'apporter son aide à la résistance contre l'Allemagne nazie ». Pas moins de 1732 résistants trouvèrent refuge dans ses caves : des évadés musulmans, mais aussi des chrétiens et des juifs. Le recteur, Sid Kaddour Ben Ghabrit, organisa également quelques filières d'évasion et fournit à des juifs des vrais-faux certificats d'appartenance à la religion musulmane.
Petit à petit se tissèrent, dans chaque communauté, des réseaux d'entraide et de secours qui permirent de sauver des milliers de personnes de l'enfer des camps : les établissements scolaires catholiques accueillirent de nombreux enfants ; les réseaux de passeurs protestants parvinrent à en faire fuir d'autres vers la Suisse ; une religieuse et un prêtre orthodoxes s'infiltrèrent jusque dans le Vel' d'Hiv' pour sauver quelques vies.
Les actes héroïques de ces hommes et de ces femmes, « qui croyaient au ciel » et étaient animés par les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité, devaient être salués.