Stresa, avril 1935 : sur les bords du lac Majeur, une conférence diplomatique réunit les alliés de la Grande Guerre, France, Italie, Grande-Bretagne. Hitler vient de rétablir le service militaire, en violation du traité de Versailles. Une cohue de diplomates, de miliciens, d'hommes politiques, de journalistes se pressent : Leger, MacDonald, Flandin, Laval, Mussolini. L'enjeu est de taille : « Prévenir une guerre dont personne ne veut, quinze ans après la fin de celle qui devait sceller la réconciliation universelle des nations. »
Tous aspirent à la paix, mais le consensus est introuvable : chacun est aux prises avec sa propre histoire, ses préoccupations, ses intérêts. C'est le cas de Pierre-Marie Franceschi, brillant diplomate, marié, ayant l'oreille de Laval, mais qui peine à rester concentré, troublé par une jeune comédienne qu'il pense être une espionne.
On le sait, cette absence de consensus va mener au pire. Le front commun sera brisé par l'invasion italienne en Abyssinie et la signature du pacte naval anglo-allemand. Dernière occasion de garder fermées les portes de la guerre, Stresa en tire toute sa coloration tragique.
Julien Donadille est conservateur de la bibliothèque littéraire Jacques Doucet, place du Panthéon. Il a publié un premier roman en 2016 aux éditions Grasset, Vie et oeuvre de Constantin Erod.