Le 25 novembre 1970, au centre de Tokyo, l'écrivain Mishima fait hara-kiri en plein midi. Avec ses fidèles, il vient de prendre un général en otage, mais a échoué à soulever un régiment contre la démocratie d'après-guerre. Le monde entier regarde avec stupeur les corps éventrés et les têtes tranchées de Mishima et de son second, dans un Japon que l'on croyait à jamais éloigné des rites samouraïs. Yukio Mishima avait quarante-cinq ans. Il était célèbre depuis la publication de
Confession d'un masque, à vingt-quatre ans, et avait même été un personnage glamour du Japon reconstruit. Écrivain prolifique, capable de la poésie la plus raffinée comme d'une approche tous publics des sujets littéraires, il avait pratiqué avec succès tous les genres : poésie, roman, nouvelle, essai, théâtre traditionnel japonais et théâtre moderne. Il avait écrit des scénarii, des adaptations théâtrales, fait de la mise en scène et l'acteur, au kabuki comme au cinéma, tourné des rôles de gangster, pratiqué les arts martiaux et, pour finir, choisi un engagement politique stupéfiant, le retour aux sources d'un Japon prétendument "authentique". Comment cet homme ouvert au monde, grand voyageur, qui n'avait rien dans sa vie personnelle d'un passéiste borné, en était-il arrivé à vouloir mettre un point final à sa vie et à sa création littéraire en se jetant dans l'entreprise insensée d'une restauration du pouvoir impérial ?
Mishima - Modernité, rite et mort retrace cette vie en tout point exceptionnelle, l'essentiel de l'oeuvre et l'itinéraire sans pareil d'un génie littéraire et d'un homme égaré.