Le silence, le goût poivré, exquis, du narguilé offraient au capitaine Fleur la plus suave des récréations. Plus d'agitation, finie la rumeur des tempêtes, des canons. Fini l'insensé gémissement des hommes pris aux rets de leurs conflits! Finis les pleurs des filles délaissées aussitôt qu'entraînées à son seul plaisir! Sous la tente du roi, une langueur envahissait son corps lassé par tant d'heures de marche sous le soleil et le souci de négocier. Dans le chatoiement des couleurs, ses vêtements devenaient ce phosphore à force de blancheur. La poussière du désert n'avait pas maculé l'habit de cet homme. Cet homme, éphémère et beau, ce météore d'homme, cet homme-Fleur dont j'allais naître. Léontine, fille du tambour Fleur et d'Aziyadé, née au milieu du désert hanté par les hommes bleus, passe par un pensionnat gris avant de s'installer dans le manoir vert, mariée au colonel. Toutes les nuits, elle écrit. Au sein d'une famille qu'on lui a imposée, elle veut sortir de toutes les prisons, se libérer des jougs et des entraves, vivre. Suspense, saint Expédit, amour fou, Spartacus-son-Amant, ordre et désordre: le bonheur, comme les mots, est une création à part entière. Et les mots, comme le bonheur, sont le moteur essentiel de la liberté.
Le Perroquet de Tarbes est le vingt-deuxième ouvrage d'Hortense Dufour, qui signe là un texte dense, rythmé, empreint de violence, d'humour et de poésie.