Inspirées de la réalité quotidienne et racontées sur le mode des légendes anciennes, les nouvelles de ce recueil transcendent leur modèle et touchent au coeur de la vie des Indiens d'aujourd'hui. Le Trickster, animal farceur et souvent malfaisant de plusieurs mythologies indiennes, est l'inspirateur des figures qui traversent les récits : Coyotes en rut à figures humaines, Corbeaux obsédés sexuels et Ours sages, et leurs pendants humains, alcooliques pour la plupart. Les vies des personnages s'entrecroisent au fil de ces nouvelles souvent désopilantes, mais aussi tristes, dépouillées ou encore paillardes, et toujours émouvantes, profondément humaines. La langue d'Adrian C. Louis est dure, satirique, mais ô combien lucide, notamment sur les rapports de pouvoir, et portée par un humour tranchant. Elle incarne Coyote le Trickster, mais aussi les gens des rues et des réserves, les clochards, les jeunes, les ratés, les fêlés et les purs génies. Malgré l'enfer de la " Rez ", Louis écrit avec le coeur de ses ancêtres Paiutes.
" Tu te demandes sans doute pourquoi j'écris tout ça. Au juste je n'en sais rien, mais il fallait que ça sorte et je me suis souvenu que tu m'avais aimé. En tout cas, moi, je t'aimais. Quoi qu'il en soit, les grandes villes ont le don de sucer les Indiens jusqu'à la moelle pour les recracher ensuite. Nous allons dans les villes pour nous y perdre, ou alors pour mourir. Ou encore, pire que tout, nous allons dans les villes pour devenir des Blancs. "
Indien Paiute lovelock, Adrian C. Louis enseigne à l'Oglala Collège sur la réserve sioux de Pine Ridge. Son premier roman, Colère sioux, les guerriers d'Iktomi, a été publié dans la collection " Nuage rouge ". Ses écrits lui ont valu de nombreux prix, ainsi que des bourses du Conseil des Arts du Dakota du Sud.