De Lénine à Ben Laden
La grande révolte antimoderniste du XXe siècle
Les multiples affrontements qui ont ensanglanté l'histoire de la planète depuis la Première Guerre mondial s'ordonnent presque tous autour d'un conflit central : celui qui, tout au long du XXe siècle et dans le monde entier, opposé partisans et adversaires de la modernité. Les adversaires de la modernité ne s'affichent pas comme tels. Ils préfèrent se couvrir du manteau du communisme, du nazisme, du fascisme ou de l'islamisme. Mai par-delà leur diversité, tous manifestent leurs réactions de refus du monde moderne, tel qu'il est apparu en Occident depuis la révolution industrielle. Rejetant la liberté individuelle et la démocratie, ils prétendent leur opposer un ordre social nouveau, communautaire, où régneraient l'harmonie et la justice. Mais, dans la mesure où il asservit l'individu au pouvoir despotique de la communauté cet ordre n'est que la reconstitution - sous des forme nouvelles et totalitaires - de la forme d'Etat la plu archaïque qu'ait connue l'histoire humaine. La grande révolte anti-occidentale du XXe siècle est donc d'abord une révolte antimoderniste. Amorcée avec la révolution zapatiste au Mexique en 1911, elle commence vraiment avec la révolution soviétique de 1917, elle se poursuit avec l'arrivée au pouvoir du nazisme allemand et connaît son apogée après la Seconde Guerre mondial avec l'expansion planétaire du communisme. Elle s'achève aujourd'hui avec l'islamisme, dernière flambée de ce vaste mouvement de retour au passé, qui a débuté avec Lénine et se clôt avec Ben Laden. Les attentats du 11 septembre 2001, en propulsant sur le devant de la scène l'islamisme radical et en contraignant les Etats-Unis à intervenir avec fermeté, montrent que la forme totalitaire du refus de la modernité risque à nouveau d'être un enjeu mondial en ce début de IIIe millénaire.